PubGazetteHaiti202005

Le dossier de Bourik The latalay, évocateur d’une société malade jusqu’aux os

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L’arrestation par la police mardi 25 juillet 2023 du rappeur « Bourik The latalay » a tenu en haleine l’actualité en Haïti. Accusés d’entretenir des liens avec les bandits de Village de Dieu, lui et 5 autres jeunes également appréhendés le même jour  ont été libérés ce mercredi par le parquet de Port-au-Prince, faute de preuves. Grosse couverture médiatique pour cette libération applaudie par une foule de partisans venus manifester leur soutien à Bourik The latalay, de son vrai nom Wilkinson Kernisan.


  Mis à part l’aspect lié aux questions de la légalité de l’arrestation des concernés, ce dossier est évocateur d’une société malade jusqu’aux os.
 Comment un artiste ( driller ) qui n’éprouve aucune gêne de se faire appeler « Bourik The latalay » ( âne, en français), et qui dans ses chansons fait la promotion de la violence dans un pays déjà totalement gangstérisé, puisse bénéficier d’autant de sympathie? Les réseaux sociaux se sont  mobilisés. Sa libération pure et simple a été réclamée sans même se soucier si les faits qui lui avaient été reprochés étaient fondés ou non. 

Haïti demande justice pour « Bourik », l’expression de la déviance la plus crue de notre jeunesse, mais oublie déjà la disparition soudaine de Liliane Pierre-Paul, icône de la presse haïtienne. Pire certains crachent même sur son cadavre sans que cela vraiment choque l’opinion publique. Les esprits, préoccupés par l’arrestation de l’idole d’une jeunesse dépravée, sont ailleurs. L’heure est à la révolte, à l’indignation suite à l’« injustice de la police », causée à leur « Bourik » et ses camarades. 
Le prétexte de la notion de défense de la justice paraîtrait crédible si elle se faisait sentir pour beaucoup d’autres cas. Les dérives ou bavures policières doivent être condamnées, justement. Les arrestations illégales n’ont pas leur place dans une société de droit. Cependant, il est curieux et navrant de constater une telle mobilisation médiatique autour et en faveur d’un rappeur dont la violence représente la toile de fond de ses compositions: 

« Yo vyole manman yo tiyel
Mwen te saj
Men konn revanj
 lan ap pimal 

Map montre mwen gen 
plis kè pase nou 
M paret lakay nou 
M mete dife m met gaz ». Tel est un extrait de la chanson « Midi Tapan » de Bourik The Latalay qui poursuit: 

« Jou m fè komand manch long 
Sak sot au Kore Sak sot Runam 
M Montre pat janm nan langyèt 
Pawol la pale m pral pete tout langyèt Nou » ( Lyrics goat sur YouTube). 

Des paroles d’une barbarie et d’une vulgarité sans nom qui se retrouvent presque toutes ses chansons. Des propos qui devraient être réprouvés par toute la société. 


D’ailleurs sur les réseaux sociaux, certains le voient déjà siéger au moins au parlement si les élections devaient se tenir aujourd’hui. Ce ne sont pas des propos à prendre à la légère quand on sait qu’il y a un secteur friand de ces genres de profil. Les dix dernières années sont là pour nous rappeler qu’il est temps qu’on arrête de jouer avec le feu. L’effondrement total de notre pays, provoqué par les gangs armés contrôlant une bonne partie du territoire, est le résultat de ces comportements irresponsables. 

Oui, il faut travailler à l’établissement d’un État de droit, condamner sans exclusion les injustices. Mais, en même temps il faut veiller à ne pas transformer en héros des garnements dont l’influence néfaste fait du mal à notre jeunesse à travers leur musique, la drill; un dérivé du Hip-hop dont les paroles sont caractérisées par la violence et « la loi de la rue ».

 

Nous espérons que ses jours passés derrière les barreaux lui serviront de leçons et lui feront réfléchir sur le contenu de ses chansons qui font l’apologie des armes en Haïti et de la violence, un pays en proie à un terrible climat d’insécurité, comme si lui et ses compagnons vivaient dans une jungle.

 

 

Par Gazette Haïtj News 

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